Origines et relation avec le sport
Le petit village d’Aklavik est situé loin dans le Nord canadien, au-dessus du cercle polaire, du côté ouest de l’imposant delta du fleuve Mackenzie. Près de l’océan Arctique et des majestueux monts Richardson, Aklavik est le site de nombreux paysages extraordinaires. Au milieu de l’hiver, lorsque le soleil demeure sous l’horizon, une période connue sous le nom de nuits polaires, les habitants vivent dans une noirceur quasi totale 24 heures par jour et endurent des températures glaciales pouvant atteindre moins 50 degrés Celsius. Malgré ces conditions hostiles, deux des athlètes canadiennes les plus résilientes sont issues de cet endroit et ont dominé le ski de fond canadien pendant plus de 17 années. Leurs succès sur la scène nationale et internationale de ski de fond ont été sans précédent. Les sœurs jumelles Sharon Anne et Shirley Anne Firth ont toujours fait la fierté du Nord.

Gracieuseté de Sharon Anne Firth

Dossards de course des Jeux olympiques d’hiver de 1984 à Sarajevo, les quatrièmes et derniers Jeux olympiques d’hiver auxquels Sharon Anne et Shirley Anne Firth ont pris part.
Gracieuseté de Sharon Anne Firth
Les sœurs Firth sont nées dans une famille traditionnelle gwich’in composée de 15 personnes, la mère, le père et sept sœurs et six frères, qui vivait totalement de la terre. Pour nourrir la famille, leur père faisait de la trappe, en plus de chasser les vastes troupeaux de caribous à travers le delta du fleuve Mackenzie. Comme leurs ancêtres gwich’ins, leur mode de vie était fondé sur une relation spéciale avec la terre et l’eau. La famille ne possédait ni commodités modernes ni technologie, et hormis la marche ou l’utilisation de raquettes durant les longs mois d’hiver, leur seul moyen de transport était un attelage de chiensLeur mère a exercé une grande influence au cours de leur jeunesse. Bien qu’elle fût réservée, elle était une femme forte, solide et traditionnelle, faisant tout ce qu’il fallait pour s’occuper de sa famille et pourvoir à leurs besoins. Elle a enseigné aux deux jeunes sœurs les connaissances, les habiletés et les valeurs des Gwich’ins. Elle leur disait constamment que rien n’était gratuit dans la vie, qu’il fallait travailler pour tout, qu’il fallait faire de son mieux en toute chose et ne jamais abandonner. Lorsqu’elles étaient jeunes, elle leur a enseigné comment trouver et identifier les traces d’animaux et elles ont appris à piéger le petit gibier, ce qui aidait à nourrir la famille. Elles ont aussi passé de nombreuses heures à chasser avec leur père, explorant de longues parties de l’imposant fleuve, cherchant des sources de nourriture afin d’aider leur famille à survivre. Elles ont réalisé l’influence de leur mode de vie traditionnel et l’importance que prendraient dans le futur les leçons et les valeurs qui leur avaient été transmises.

Gracieuseté de Sharon Anne Firth

Gracieuseté de Sharon Anne Firth
Lorsque les jumelles ont atteint l’âge de cinq ans, le gouvernement fédéral a relocalisé la famille à la ville d’Inuvik, nouvellement développée, à cause des inondations et de l’érosion causées par les crues le long du delta du fleuve Mackenzie. À Inuvik, les filles ont été obligées de fréquenter le pensionnat autochtone. À l’âge de 12 ans, elles ont fait connaissance avec le ski de fond lorsque des skis, achetés des Forces aériennes américaines de l’Alaska, ont été remis aux enfants de la communauté dans le cadre du programme Territorial Experimental Ski Training (TEST). Lorsque le gouvernement fédéral a su combien les enfants du delta du fleuve Mackenzie aimaient cela, il a donné de l’argent pour que le programme se poursuive, avec la bonification de voir les meilleurs skieurs dirigés vers les programmes de l’Association canadienne de ski. Deux de ces jeunes qui ont fait partie de l’équipe de ski de haut niveau ont été les sœurs Firth : Sharon Anne et Shirley Anne Firth.

Gracieuseté de Sharon Anne Firth
Durant ces premières années, dans le cadre de leur programme d’entraînement, les sœurs skiaient pendant des heures à l’extérieur, souvent dans l’obscurité complète et dans des températures pouvant atteindre 40 degrés sous zéro. Durant les mois d’été, elles accumulaient de longues courses dans la toundra, luttant contre la fatigue, les moustiques et les mouches.

Gracieuseté de Sharon Anne Firth
Les succès sont venus rapidement pour les sœurs Firth, et en peu de temps, elles ont dominé le ski de fond canadien. Elles représentaient un phénomène sans précédent, issues de nulle part pour gagner un nombre incalculable de courses au niveau national et international. Elles ont réalisé toutes ces choses bien qu’elles s’entraînaient souvent par elles-mêmes, dans une communauté isolée, face à des conditions météorologiques défavorables, dans de piètres conditions d’entraînement et l’absence totale des avantages additionnels qu’avaient les autres athlètes d’élite. Leur histoire et leurs succès demeurent une source d’inspiration pour tous.

Gracieuseté de Sharon Anne Firth