Origines et relations avec le sport
Comment un jeune homme originaire du nord du Manitoba parvient-il à épater les foules locales et internationales au cours d’une carrière d’athlétisme qui a duré près d’une décennie? Voici l’histoire de Joseph Benjamin Keeper, membre de la nation crie de Norway House, né le 21 janvier 1886.

Gracieuseté de Joe Keeper
Joe Keeper était le cadet des dix enfants de Matilda et Arthur Walker Keeper. Il a connu une enfance organisée selon les traditions et ce que la famille pouvait récolter du territoire où elle habitait. Le secteur était riche en poisson, gibier et animaux pour la traite de la fourrure.
À l’âge de 12 ans, Joe Keeper a été obligé de fréquenter le pensionnat autochtone à Brandon, au Manitoba, situé à environ 1000 kilomètres de sa communauté et de sa famille. Capable de rester concentré malgré la fatigue extrême, il s’est démarqué par ses habiletés athlétiques extraordinaires et il excellait dans les sports d’endurance les plus exigeants sur le plan physique. Sa force mentale et son amour pour les épreuves d’endurance l’ont conduit à pratiquer la course de fond et à développer une passion pour ce sport. Son entraîneur, le révérend Jones, a remarqué que « Joe était si conscient de lui-même en course qu’il pouvait nous dire son temps de course avant même de regarder le chronomètre ».

Gracieuseté de Joe Keeper

Trophée remis à Joseph Benjamin Keeper par la Nation de Norway House en reconnaissance de son esprit sportif et de ses inestimables contributions à la communauté.
Gracieuseté de Joe Keeper
En 1910, Joe Keeper est parti pour Winnipeg pour suivre une formation de charpentier et pour parfaire son entraînement athlétique avec le North End Amateur Athletic Club. Il est rapidement devenu un des espoirs du club en établissant un record canadien au dix mille lors d’une compétition en 1911 et se qualifiant avec deux autres coéquipiers pour participer aux Jeux olympiques de 1912 à Stockholm, en Suède. Aux essais olympiques de Montréal, seuls Joe Keeper et un de ses coéquipiers se taillent une place au sein de l’équipe olympique canadienne. Ils étaient les deux seuls Manitobains parmi un groupe de 36 Canadiens.

Gracieuseté de Joe Keeper
Malheureusement, aux Jeux olympiques de Stockholm, l’horaire et la nourriture de mauvaise qualité posent des défis contrariants aux Canadiens et particulièrement aux coureurs. L’horaire des épreuves de qualification pour la finale du 10 000 m contraint Joe Keeper à courir quatre jours de suite avant la finale. Ratant de justesse la médaille de bronze lors de la finale du 10 000 m, sa quatrième place figure toujours dans les livres de records canadiens et fait de lui le Canadien ayant obtenu le meilleur classement lors d’un 10 000 m olympique.

Gracieuseté de Joe Keeper
À son retour au Manitoba après les Jeux olympiques, Joe Keeper continue de gagner des courses et d’établir des records. Au sommet de sa carrière de compétition, il ne peut malheureusement pas participer à d’autres Jeux olympiques. En effet, les Jeux olympiques qui devaient avoir lieu à Berlin à l’été 1916 sont annulés au début de la Première Guerre mondiale.
Afin de servir son pays, Joe Keeper s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien en mai 1916 et arrive en Angleterre au mois de novembre de la même année. En février, il est nommé caporal et transféré au 107e bataillon, connu sous le nom de Timber Wolf Battalion. Le 107e bataillon était unique du fait qu’environ la moitié de ses membres étaient d’origine autochtone. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est que ces hommes ont voulu défendre notre pays même s’ils ne jouissaient pas des mêmes droits à la citoyenneté que les autres Canadiens.

Gracieuseté du Temple de la renommée des sports du Manitoba, MS2003.23.36
Joe Keeper est employé comme estafette, ou messager, chargé du rôle dangereux de faire passer des messages entre le front et le commandement de l’armée. Il s’est acquitté de cette tâche avec la même distinction et concentration que lorsqu’il était athlète, ce qui lui a mérité une Médaille militaire en 1918 pour sa bravoure sur le champ de bataille.

Gracieuseté du Musée de la Première Guerre mondiale du Manitoba
Le service militaire ne signifie pas que Joe Keeper a dû mettre fin à la compétition. En effet, le sport aidait beaucoup à remonter le moral des soldats et pendant cette période, Joe Keeper a participé à des événements sportifs à au moins quatre reprises.
Après la guerre, Joe Keeper est retourné à Winnipeg, où il a continué à courir pendant quelques années, mais en 1921 il s’est retiré de la vie sportive. Il était prêt à laisser le bruit et la pollution de la ville pour retourner chez lui, à Norway House, lieu de son enfance. Au cours des 30 années qui suivirent, Joseph Benjamin Keeper a travaillé au poste local de la Compagnie de la Baie d’Hudson, a élevé sa famille et a fait de précieuses contributions à sa communauté.

Gracieuseté du Temple de la renommée des sports du Manitoba, MS2003.23.35